Le souverain pontife a prononcé jeudi sa première bénédiction de Noël depuis la basilique Saint-Pierre. Elle marque la fin de l'"Année sainte" de l'Église, ouverte par son prédecesseur François. Léon XIV a renouvelé ses appels à la paix alors que la guerre en Ukraine fait rage depuis près de quatre ans et que les espoirs de paix à Gaza sont fragiles.
Pour sa première bénédiction de Noël, jeudi 25 décembre, le pape Léon XIV devrait renouveler ses appels à la paix depuis la basilique Saint-Pierre, au terme d'une année assombrie par les conflits et polarisations politiques, mais marquée par des espoirs de paix à Gaza.
L'année 2025 se termine avec des sources d'espérance pour la communauté chrétienne qui a célébré son premier Noël festif à Bethléem, en Cisjordanie occupée, depuis le début de la guerre à Gaza.
Mais l'appel du souverain pontife à une trêve d'un jour dans le monde n'a pas été entendu en Ukraine, où la guerre fait rage depuis près de quatre ans.
Léon XIV a prononcé ensuite à la mi-journée sa déclaration "urbi et orbi" ("à la ville et au monde"), pendant laquelle le pape passe traditionnellement en revue les conflits dans le monde.
Depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, le premier pape américain de l'histoire a déploré les conflits politiques, sociaux, militaires en Ukraine, au Soudan, au Mali, en Birmanie, entre autres.
Appel au "courage" du "dialogue" pour l'Ukraine et la Russie
Le peuple ukrainien, a-t-il déclaré, est "tourmenté" par la violence. "Puisse le bruit des armes cesser et puissent les parties impliquées, avec le soutien et l'implication de la communauté internationale, trouver le courage d'engager un dialogue sincère, direct et respectueux."
Évoquant la Thaïlande et le Cambodge, dont les affrontements frontaliers ont fait au moins 80 morts ces trois dernières semaines, le souverain pontife a souhaité que l'"amitié ancestrale" entre les deux pays soit rétablie, "afin de travailler à la paix et la réconciliation".
Le pape a déjà dénoncé jeudi matin dans son homélie de Noël "l'absurdité" des discours belliqueux et les "blessures ouvertes" laissées par les guerres dans le monde, évoquant notamment la situation humanitaire à Gaza.
"Fragile est la chair des populations vulnérables, éprouvées par tant de guerres en cours ou terminées, laissant derrière elles des ruines et des blessures ouvertes", avait-il déclaré lors de l'ouverture de la messe.
Le pape américain a dit penser aux "tentes de Gaza, exposées depuis des semaines à la pluie, au vent et au froid", alors que des centaines de milliers de Gazaouis font face aux pluies hivernales dans des conditions extrêmes.
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Avant cette intervention très attendue, qui coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Église qui a attiré des millions de pèlerins à Rome, le premier pape américain, élu en avril, a célébré mercredi soir sa première messe de Noël.
Lors de cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, il a délivré un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée", après être sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5 000 fidèles massés sous la pluie.
Changement majeur opéré par Léon XIV : il présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).
"Une journée pleine de joie"
Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, pose pour une photo avec un homme habillé en Père Noël avant son arrivée à l'église de la Nativité, à Bethléem, en Cisjordanie occupée, le 24 décembre 2024. © Hazem Bader, AFP
A des milliers de kilomètres de là, la trêve dans la guerre à Gaza, bien que fragile, a permis le retour des célébrations festives à Bethléem, berceau du christianisme.
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Des centaines de fidèles se sont massés à l'approche de minuit dans la basilique de la Nativité, comble au point qu'ils étaient nombreux à être assis à même le sol.
Les célébrations de Noël de ces deux dernières années y avaient été ternies par la guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.
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Par solidarité avec les Palestiniens du territoire, les festivités avaient été annulées mais cette année, avec la trêve entrée en vigueur à Gaza en octobre, l'immense sapin de Noël s'est de nouveau illuminé devant la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où la tradition chrétienne situe la naissance du Christ.
"C'est une journée pleine de joie, parce qu'avant on ne pouvait pas célébrer à cause de la guerre", a dit à l'AFP Milagros Anstas, 17 ans, dans son uniforme bleu et jaune.
Le "pouvoir de l'amour"
Comme ailleurs dans la région et au Moyen-Orient, les chrétiens représentent une minorité en Terre sainte, avec une communauté de 185 000 personnes en Israël et 47 000 dans les Territoires palestiniens.
La municipalité a toutefois tenu à tempérer le faste des célébrations. Car en dépit du cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza restent frappés par une grave crise humanitaire.
Des Scouts défilent lors des célébrations de la veille de Noël sur la place de la Mangeoire, devant l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée, le 24 décembre 2025. © Hazem Bader, AFP
Lors de la messe, le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa a délivré lors de la messe une homélie pour la paix, l'espoir et le renouveau, face aux décisions politiques et équilibres de pouvoirs qui "semblent souvent déterminer le destin des peuples".
"Noël, cependant, nous invite à regarder au-delà de la logique de la domination, à redécouvrir le pouvoir de l'amour, de la solidarité et de la justice", a dit le cardinal, qui avait célébré une messe à Gaza dimanche.
Politique et intempéries
Tranchant avec les discours des dirigeants religieux, Donald Trump a souhaité un joyeux Noël "à tous, y compris aux pourritures de gauche radicale", en référence à ses opposants démocrates.