Vladimir Poutine a prévenu que n'importe quelle force occidentale en Ukraine sera une "cible légitime" pour l'armée russe, au lendemain d'une réunion à Paris consacrée aux garanties de sécurité dans le cadre d'un hypothétique cessez-le-feu. Le président russe a appelé à ce que "personne ne doute que la Russie respecte pleinement" de futures garanties de sécurité pour l'Ukraine.
Le président russe Vladimir Poutine a menacé, vendredi 5 septembre, les alliés européens de Kiev de cibler leurs forces si elles étaient déployées en Ukraine et dont le nombre, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pourrait se compter en "milliers" en cas de cessez-le-feu.
Bien que les négociations en vue d'une paix soient toujours dans l'impasse et que Moscou continue de rejeter tout cessez-le-feu, les alliés de Kiev, surtout au sein de l'Union européenne, s'efforcent depuis plusieurs semaines de déterminer les contours de leur soutien à l'Ukraine après la guerre.
Vingt-six pays, essentiellement européens, se sont engagés jeudi à Paris à contribuer aux garanties de sécurité pour l'Ukraine afin d'empêcher une potentielle nouvelle attaque de la Russie, après l'entrée en vigueur d'une cessation des hostilités qui demeure hypothétique.
"Si des forces, quelles qu'elles soient, apparaissent sur place, surtout maintenant, au moment où des combats sont en cours, nous partirons du principe qu'elles seront des cibles légitimes", a déclaré Vladimir Poutine lors d'un forum économique à Vladivostok, en Extrême-Orient.
"Et si des décisions sont obtenues pour aboutir à la paix, à une paix durable, je ne vois tout simplement pas de sens à leur présence" sur le territoire ukrainien, a ajouté Vladimir Poutine, appelant à ce que "personne ne doute que la Russie respectera pleinement" un futur accord de paix.
Son porte-parole, Dmitri Peskov, a estimé que "les contingents militaires européens et américains" ne "peuvent absolument pas" faire partie des garanties de sécurité pour l'Ukraine. Il a souligné que les intérêts de la Russie doivent aussi être pris en compte. Il a également accusé les Européens d'"entraver" le règlement du conflit.
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"Encore un peu tôt pour en parler"
Depuis le début de l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine en février 2022, les combats ont fait des dizaines, voire des centaines de milliers de morts, déplacé des millions d'habitants et détruit une partie de l'est et du sud de l'Ukraine.
"Le jour où le conflit s'arrête, les garanties de sécurité se déploient", avait affirmé jeudi le président français Emmanuel Macron, que ce soit par le biais d'un "cessez-le-feu", un "armistice" ou un "traité de paix". Il n'a cependant pas fourni de précisions sur les contributions de chaque pays.
Selon Volodymyr Zelensky, le nombre de militaires déployés pourrait se compter en "milliers". "C'est un fait, mais il est encore un peu tôt pour en parler" en détail, a-t-il indiqué vendredi, l'une des rares fois où un nombre, même imprécis, pour ce contingent est cité. "Il s'agit de choses concrètes sur terre, dans le ciel, dans l'espace maritime, dans le cyberespace, ainsi que du financement de nos forces" armées, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
La Russie a signifié à de nombreuses reprises son opposition au déploiement de forces occidentales en Ukraine. Elle considère l'expansion de l'Otan à ses frontières comme l'une des causes de la guerre.
À Kiev, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Georgiï Tykhy, a balayé les propos de Vladimir Poutine. "Ce n'est pas à lui de décider (...) qui est invité par l'Ukraine", a-t-il déclaré.
L'un des enjeux des tractations actuelles sur les garanties de sécurité pour l'Ukraine est la teneur de la participation américaine. Depuis son retour à la Maison Blanche, le président américain Donald Trump a multiplié les efforts pour mettre fin au conflit tout en critiquant l'aide apportée à Kiev.
Emmanuel Macron a assuré que le soutien américain aux garanties de sécurité serait finalisé "dans les prochains jours" et que les Américains avaient "été très clairs" sur leur participation.
Donald Trump avait discuté sanctions et protection du ciel ukrainien avec Volodymyr Zelensky jeudi au téléphone et pris part à une visioconférence dans la foulée du sommet à Paris, auquel a aussi, en partie, participé son émissaire Steve Witkoff. "Nous comptons sur le 'backstop' ('filet de sécurité') des États-Unis", avait fait savoir Volodymyr Zelensky jeudi.
Depuis mi-février, Paris et Londres, à la tête d'une "coalition des volontaires", multiplient les réunions de planification au niveau des chefs d'état-major, des ministres et des chefs d'État.
Les garanties de sécurité, inexistantes dans les accords de Minsk conclus en 2014 et 2015 pour mettre un terme aux combats entre l'armée ukrainienne et des séparatistes prorusses pilotés par Moscou, sont présentées comme un moyen d'empêcher une reprise du conflit. Mais ces garanties doivent s'appliquer après une fin des hostilités. Or les négociations sont toujours dans l'impasse tant les conditions des deux camps semblent irréconciliables.