Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d'une rencontre avec des journalistes, lundi, a dit placer ses espoirs dans la présidentielle américaine du 5 novembre pour donner un coup de pouce à l'intégration de son pays dans l'Otan et forcer la Russie à entamer des négociations de paix.
Une présidentielle américaine particulièrement attendue par le président de l'Ukraine, qui espère qu'elle accélèrera le retour à la paix dans son pays. La volonté de Moscou de négocier, après bientôt trois ans d'une invasion destructrice, "dépend en premier ordre des élections aux États-Unis", a souligné Volodymyr Zelensky lors d'une rencontre lundi avec un groupe de journalistes, dont l'AFP, pour un entretien sous embargo jusqu'à mardi 22 octobre.
Les Russes "observeront la politique des États-Unis sur cette question. Et les États-Unis feront connaître leur politique très rapidement, après l'élection, à mon avis", a poursuivi le président ukrainien, estimant qu'"ils n'attendront pas janvier", quand le nouveau président américain prendra ses fonctions.
Les États-Unis, force dominante au sein de l'Otan, ont fourni à l'Ukraine une aide militaire et financière cruciale de dizaines de milliards de dollars depuis le début de la guerre, en 2022. La pérennité de ce soutien pourrait toutefois être remise en cause en cas de victoire du candidat républicain Donald Trump, qui a critiqué cette aide.
Zelensky n'a pas souhaité aborder ce sujet épineux tout en assurant avoir eu de "bonnes" réunions tant avec Donald Trump qu'avec sa rivale démocrate Kamala Harris, lors de sa visite aux États-Unis, en septembre. "J'ai eu une bonne rencontre avec Trump. Elle a été aussi positive que possible. Et j'en suis content", a-t-il dit, se félicitant également d'une "très bonne réunion avec Harris".
Le président ukrainien a, par ailleurs, espéré que Washington donne son accord à l'invitation officielle de l'Ukraine dans l'Otan malgré sa guerre avec la Russie, un projet crucial de Kiev auquel les États-Unis rechignent à ce stade.
"Après les élections, nous espérons une réaction plus positive de la part des États-Unis", qui "ne veulent pas" faire de changements de position importants pendant la campagne électorale, a-t-il estimé.
Intégrer l'Otan, première étape du "plan de victoire" de Kiev
Kiev veut obtenir une invitation à l'Alliance aussi vite que possible et intégrer officiellement l'Otan après la fin de la guerre, a expliqué Zelensky. Actuellement, environ 20 % de son territoire est occupé par la Russie. L'Ukraine voit ainsi l'Otan comme la seule véritable protection face au voisin russe, qui a affirmé avoir envahi le pays justement pour empêcher un rapprochement avec l'Alliance.
L'invitation à rejoindre l'Otan est le premier point du "plan de victoire" de Volodymyr Zelensky récemment présenté aux principaux alliés de son pays et qui propose également le déploiement en Ukraine de moyens de dissuasion non-nucléaires. En dévoilant son plan au parlement ukrainien, Zelensky avait estimé qu'il pourrait permettre d'aboutir à une "fin juste et rapide" de la guerre en 2025, et rejeté l'idée de céder des territoires en échange de la paix, malgré un manque critique d'effectifs militaires et de ressources.
Un éventuel soutien américain à l'invitation à l'Otan devrait par ailleurs pousser l'Allemagne et d'autres pays réticents, comme la Hongrie et la Slovaquie, à faire de même, a déclaré Volodymyr Zelensky. "La partie allemande est sceptique quant à notre adhésion à l'Otan", a-t-il constaté, estimant qu'"ils ont peur" de la "réaction russe". "Nous allons devoir tous travailler dur avec la partie allemande. Mais il n'en reste pas moins que les États-Unis auront une influence sur ce dossier", a ajouté le président ukrainien, tout en assurant que la "majorité des alliés" étaient favorables à l'invitation de l'Ukraine.