Donald Trump a annoncé mercredi avoir finalisé un accord commercial avec la Corée du Sud lors de sa visite dans le pays – troisième étape de sa tournée asiatique –, où il doit rencontrer Xi Jinping en marge du sommet de l'Apec, une première en six ans. En revanche, la perspective d'une rencontre avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un s'éloigne. Pyongyang a procédé mardi à un nouvel essai de missiles de croisière mer-sol.
 

La Corée du Sud et les États-Unis ont annoncé mercredi 29 octobre avoir finalisé un accord commercial négocié depuis plusieurs mois, après une rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue sud-coréen, Lee Jae-myung.

"Nous avons conclu un accord. Nous avons fait beaucoup de choses différentes", a déclaré le dirigeant américain, évoquant une "excellente session" dans la ville sud-coréenne de Gyeongju.

Le vaste accord commercial finalisé porte notamment sur les droits de douane visant l'automobile et précise les engagements d'investissements sud-coréens, a confirmé Kim Yong-beom, conseiller principal du président sud-coréen.

Selon lui, le compromis prévoit une réduction à 15 % des taxes douanières que les deux pays s'imposent réciproquement sur l'automobile, et un plan d'investissements sud-coréens pour 350 milliards de dollars aux États-Unis, "dont 200 milliards en numéraire et 150 milliards pour la coopération dans le secteur de la construction navale".

Cet accord intervient dans le cadre de la visite du président américain, arrivé dans la matinée de mercredi en Corée du Sud pour une étape qui doit être dominée par sa rencontre le lendemain avec le président chinois Xi Jinping, alors qu'une trêve est espérée dans la brutale guerre commerciale opposant les deux puissances.

La Chine a confirmé que Xi Jinping rencontrera son homologue américain. Ils échangeront "sur les relations bilatérales et les questions d'intérêt commun", a précisé le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le président américain, qui est parti de Tokyo après une visite de deux jours, est arrivé mercredi à Busan (est de la péninsule coréenne), avant de se rendre à Gyeongju où se tient le sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec) rassemblant 21 pays. Cette étape est la troisième de sa tournée asiatique, après la Malaisie et une visite au Japon où il a rencontré mardi la nouvelle Première ministre Sanae Takaichi.

À bord d'Air Force One, le président Trump a dit envisager "une excellente réunion (...) et que beaucoup de problèmes vont être résolus" lors de la rencontre jeudi avec le dirigeant chinois. Il prévoit une baisse des droits de douane qui avaient été imposés à la Chine en rétorsion à sa gestion de la crise du fentanyl aux États-Unis.

Un décalage entre la Chine et les États-Unis

Si les négociateurs de Pékin et Washington assurent s'être entendus sur un "cadre" d'accord, il reste à voir si Donald Trump et Xi Jinping, qui ne se sont pas rencontrés en tête à tête depuis six ans, finaliseront effectivement une trêve dans leur guerre commerciale qui a fait dévisser les marchés et bouleversé les chaînes de production.

Le président chinois Xi Jinping (gauche), le 8 mai 2025 à Moscou, et son homologue américain Donald Trump, le 30 mai 2025 à West Mifflin aux Etats-Unis © Evgenia Novozhenina, SAUL LOEB / POOL/AFP/Archives

"Il semble y avoir un décalage entre les positions des deux pays", commente William Yang, analyste à l'International Crisis Group. "Alors que les États-Unis sont impatients de conclure tout accord commercial que Trump pourrait qualifier de victoire, la Chine s'attache à renforcer la confiance, gérer les divergences de longue date et stabiliser les relations commerciales", a-t-il averti.

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Auparavant, le président américain doit rencontrer mercredi à Gyeongju le président sud-coréen Lee Jae-myung, sa deuxième rencontre avec lui. Séoul souhaite, à l'instar de Tokyo, des assurances de son allié américain pour sa défense face à la menace de la Corée du Nord.

Le président américain Donald Trump (droite) et son homologue sud-coréen Lee Jae-myung, le 25 août 2025 à Washington © Mandel NGAN / AFP/Archives

Mais les discussions porteront également sur le commerce, alors que Séoul peine à conclure un compromis commercial avec Washington. En juillet, Donald Trump avait annoncé avoir accepté de réduire les taxes douanières sur les produits sud-coréens à 15 % en échange de l'engagement de Séoul à investir 350 milliards de dollars aux États-Unis.

Mais les surtaxes sur l'automobile persistent et les modalités de ces investissements restent âprement discutées. L'arrestation de centaines de travailleurs sud-coréens par la police de l'immigration américaine a aussi tendu les relations. Le ministre américain des Finances Scott Bessent a admis lundi qu'il restait "de nombreux détails à régler" pour résoudre une situation "complexe".

Donald Trump devrait recevoir en cadeau une réplique d'une couronne en or de l'ancien royaume coréen de Silla, ont indiqué les autorités sud-coréennes.

Nouvel essai nord-coréen en mer

La perspective d'une rencontre du président américain avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à l'issue du sommet semble en revanche s'éloigner. Donald Trump avait déclaré qu'il serait "ravi de rencontrer" à nouveau Kim Jong-un mais Pyongyang n'a pas répondu publiquement à l'invitation.

Le président américain a expliqué mercredi que cette rencontre avec le dirigeant nord-coréen n'avait pu être organisée cette semaine pour une question de "timing".

Au cours de son vol vers la Corée du Sud, le président américain a indiqué qu'il donnerait la priorité à sa rencontre avec Xi Jinping et qu'il rencontrerait le numéro un nord-coréen "dans un avenir pas trop lointain". "À un moment donné, nous serons amenés à traiter avec la Corée du Nord. Je pense qu'ils le souhaitent, et je le souhaite", a-t-il déclaré.

Sur cette photo diffusée par l'agence officielle KCNA, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un remercie les participants et organisateurs des célébrations du 80e anniversaire du parti au pouvoir en Corée du Nord, le 12 octobre 2025 à Pyongyang © STR / KCNA VIA KNS/AFP/Archives

La dernière rencontre des deux dirigeants remonte à juin 2019 dans la zone démilitarisée (DMZ), cette frontière de la guerre froide divisant la péninsule coréenne depuis des décennies. Mais les relations entre Pyongyang et Washington sont au point mort depuis l'échec de ce sommet, en raison de désaccords sur l'allègement des sanctions américaines et l'avancement du programme nucléaire de Pyongyang.

"La balle est dans le camp de Kim Jong Un", a indiqué Chad O'Carroll, fondateur du site spécialisé NK News, à l'AFP.

Le dirigeant américain fait cependant face à un Kim Jong-un plus enhardi qu'en 2019, fort du soutien crucial de la Russie après l'envoi de soldats nord-coréens partis combattre en Ukraine aux côtés de Moscou. Pour montrer sa puissance, la Corée du Nord a d'ailleurs procédé mardi à un essai de missiles de croisière mer-sol au large de sa côte occidentale.

"La Corée du Nord a le temps pour elle et n'est plus aussi isolée qu'avant", indique à l'AFP Hong Min, analyste senior à l'Institut coréen pour l'unification nationale.

France 24