Après le Royaume-Uni, le Vietnam et les Philippines, c'est au tour du Japon de conclure un accord commercial avec les États-Unis, a annoncé mardi soir le président américain Donald Trump. Les produits de l'archipel seront frappés de seulement 15 % de droits de douane. Un soulagement pour le secteur automobile japonais.
De nouveaux superlatifs dans la bouche de Donald Trump. Le président américain a annoncé mercredi 23 juillet la conclusion d'un accord commercial "énorme" avec le Japon, la Chine confirmant de son côté qu'elle enverra son vice-Premier ministre à de cruciales discussions sino-américaines la semaine prochaine en Suède.
Le président américain entend imposer à partir du 1er août de massives surtaxes dites "réciproques", initialement prévues au 1er avril puis suspendues, à nombre de pays – à moins qu'ils ne concluent d'ici là des accords avec les États-Unis. Un compromis reste encore incertain avec l'Union européenne.
L'administration Trump compte pour l'heure quatre de ces accords à son actif : outre le Japon, le président américain a annoncé mardi en avoir conclu un avec les Philippines. Les États-Unis se sont par ailleurs déjà entendus avec le Royaume-Uni et le Vietnam.
Chinois et Américains se rencontreront quant à eux la semaine prochaine dans la capitale suédoise, Stockholm, pour un troisième cycle de discussions sur les droits de douane.
La Chine a annoncé mercredi que son vice-Premier ministre He Lifeng, chargé des questions économiques, se rendra à ces négociations, qu'elle espère basées sur "les principes de respect mutuel, de coexistence pacifique et de coopération gagnant-gagnant".
"L'accord avec la Chine prend fin le 12 août", avait souligné mardi sur la chaîne Fox Business le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent – qui se rendra à Stockholm –, à propos de la fin prévue de la trêve commerciale entre Pékin et Washington.
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Un accord "sans précédent"
L'accord avec le Japon, l'une des principales économies mondiales, représente un succès pour Donald Trump. Le président américain l'a qualifié mardi sur sa plateforme Truth Social de "sans précédent".
Le Japon, bien qu'allié clé des États-Unis, est actuellement soumis aux mêmes droits de douane américains de base de 10 % que la plupart des nations, ainsi qu'à des surtaxes de 25 % sur les voitures et de 50 % sur l'acier et l'aluminium.
Cet accord avec Tokyo va entraîner la création de "centaines de milliers d'emplois", a ajouté Donald Trump, mentionnant des investissements japonais à hauteur de "550 milliards de dollars" sur le sol américain, sans détails, si ce n'est que "90 % des bénéfices seraient perçus par les États-Unis".
"Nous pensons que c'est une grande réussite d'avoir pu obtenir la plus grande réduction (des surtaxes américaines) parmi les pays ayant un excédent commercial avec les États-Unis", s'est félicité de son côté mercredi le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba.
Selon Donald Trump, Tokyo a accepté d'ouvrir le Japon "au commerce des voitures et des pick-up, du riz et d'un certain nombre d'autres produits agricoles, et à d'autres choses".
Les exportations de voitures japonaises en berne
Sur l'automobile, l'enjeu était de taille : l'économie nippone est dépendante du commerce extérieur. L'automobile représentait l'an dernier presque 30 % des exportations du Japon vers les États-Unis. Dans l'archipel, l'industrie automobile représente 8 % des emplois, bien au-delà de Toyota, premier constructeur mondial. Or, après les surtaxes américaines de 25 % imposées depuis avril sur l'automobile, les exportations de voitures japonaises vers les États-Unis ont dégringolé d'un quart sur un an en mai et juin.
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Selon Shigeru Ishiba, l'accord conclu prévoit que ces surtaxes soient divisées par deux, et s'ajoutent aux droits de douane préexistants de 2,5 % pour parvenir à une taxation finale de 15 %.
Les actions des constructeurs nippons se sont envolées mercredi, Toyota gagnant 14,34 %, Nissan 8,28 % et Honda 11,14 %. La Bourse de Tokyo a, elle, clôturé en hausse de 3,51 %, tandis que les marchés européens ont aussi salué la nouvelle par une hausse à l'ouverture.
Par ailleurs, gonfler les importations de riz était ces derniers mois un tabou pour Tokyo, qui assurait défendre les intérêts des agriculteurs locaux. "Nous avons poursuivi les négociations pour parvenir à un accord répondant à l'intérêt national du Japon et des États-Unis" et "rien n'impose des sacrifices à nos agriculteurs", a affirmé mercredi Shigeru Ishiba.
Le Japon importe actuellement jusqu'à 770 000 tonnes de riz exemptées de droits de douane et pourrait importer davantage de céréales américaines dans cette limite – au détriment d'autres origines –, a-t-il expliqué.
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En revanche, les surtaxes américaines de 50 % sur l'acier et l'aluminium ne sont pas concernées par l'accord, pas davantage que les dépenses de défense du Japon dont Donald Trump réclame le renforcement, a précisé le négociateur commercial japonais Ryosei Akazawa.
Lors d'une réception avec des élus républicains, Donald Trump a fait savoir mardi que "l'Europe (venait) demain et, le jour suivant, nous en avons d'autres qui viennent". Plus tôt dans la journée, il avait détaillé les conditions de l'accord-cadre conclu avec Jakarta, ouvrant la voie à un accord final encore à construire.
Donald Trump a décrété des droits de douane de 30 % sur toutes les importations venant de l'UE et du Mexique à compter du 1er août. Le Canada encourt 35 % de surtaxe et le Brésil 50 %.
Avec AFP